Combattimento II

COMBATTIMENTO II

20′ – 2017
pour ensemble et voix

Reprenant au Combattimento de Monteverdi le même dispositif instrumental, le même texte dans la même langue et la même durée, Zad Moultaka inscrit en amont de l’œuvre monteverdienne son propre Combattimento que prolonge Il Sorgere, un moment électroacoustiquenous plongera peu à peu dans le noir, la nuit de la guerre, propre à faire surgir la pièce de Monteverdi des ténèbres et du silence. Monteverdi le souhaitait : « Si farà entrare alla sprovista dalla parte de la Camera in cui si fara la Musica » (Le Combat arrivera à l’improviste du lieu où jouent les instruments). Après avoir introduit les personnages et le début du combat, le Testo (Récitant) invoque la Nuit : « Notte che nel profondo e oscuro seno / chiudeste, e nel oblio, fatto si grande / degno d’un chiaro sol, degno d’un pieno Teatro / opre sarian si memorande » (O Nuit, dont les profondes ténèbres ont recouvert sous l’oubli un acte si illustre ! Dignes pourtant de la clarté du soleil, dignes d’un vaste théâtre, seraient des exploits si mémorables) dans un chant qui fait appel à toutes les ressources de son art, avant de retourner à la narration du combat, simplement, abruptement, « en imitant les passions du récit ». C’est l’italien du Tasse, poli par des myriades de récitations, de générations en générations, tendu dans un dramatisme sublime par Monteverdi, qui inspire surtout le compositeur libanais. Cette langue si musicale, qu’il affectionne particulièrement, hante son imagination sonore au moins autant que la fureur du combat inter-religieux qui oppose les deux protagonistes. Singulières résonances, rebonds d’une époque à l’autre, antagonismes que seul l’art peut transgresser, résoudre, recoudre et fondre dans l’œuvre…

Le déchirant Combattimento di Tancredi e Clorinda fait partie du VIIIe livre des Madrigali guerrieri ed amorosi, et relate le combat de Tancrède, preux chevalier, contre Clorinde, la belle sarrasine dont il est amoureux et qu’il n’a pas reconnue sous l’armure qu’elle a revêtue. Des sons et des images – coups d’épée, cliquetis des armes –, le sang qui coule en abondance… sont reproduits par les instruments qui jouent ad imitatione delle passioni dell’oratione, suivant le discours du narrateur et l’émotion poignante créée par son récit. Tancrède, après un duel acharné, transperce de son épée Clorinde. Celle-ci, touchée par la grâce, et dans un ultime élan d’amour, lui demande le baptême pour la paix, ou plutôt pour le salut de son âme – puisque le corps ne peut plus être sauvé. Le chevalier répond à sa demande, accomplissant ainsi un dernier geste d’union symbolique. Sur ce thème très actuel, autour de cette œuvre marquante par son sujet et par son approche artistique, le concert aborde les problématiques du rapprochement et de l’antagonisme des cultures, de l’harmonie et de la guerre, de l’amour et de l’adversité, du masque qui cache le semblable sous l’altérité.

harpe, clavecin, cinq cordes
Texte: Le Tasse, extrait de la Jérusalem délivrée
Langue chantée: italien

création au Festival Musica à Strasbourg 4 octobre 2017
et à l’Arsenal de Metz 5 octobre 2017
Lieu: Eglise Sainte Aurélie, Festival musica, Strasbourg
par Le Parlement de musique et Mezwej 

coproduction
Le Parlement de Musique / Musica / L’Arsenal / Mezwej
Commande Musica & le Parlement de Musique, Martin Gester

© ŠamaŠ éditions musicales 2017

Le Parlement de musique – Martin Gester
Francesca Sorteni, soprano
Fernando Guimaes, ténor
Jean Gabriel Saint-Martin, baryton
Gilone Gaubert, vl1
Florence Stroesser vl1
Sara Goméz, alto
Filipa Meneses, viole
Peter Pudil, violone
Marie Bournisien, harpe
Aline Zylberajch, clavecin
Zad Moultaka (direction)

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