Daïmôn

DAÏMÔN

70’-2022
musique de chambre

Toute une clique d’instruments à percussions réunie, dont les chocs et sons malicieux incarnent le diable. Dans une clairière imaginaire mais très sonore, ce diabolus (in Musica) invite lui même la célèbre Reine de Sabbat, accompagnée d’une foule sautillante de monstres, sorcières, pantins et squelettes.

À l’heure dite, les baguettes exécutent plusieurs danses macabres et témoignent de la fascination éternelle de l’Homme pour la mort. Pour le plaisir d’un public bien vivant, le compositeur Zad Moultaka se prête au jeu et invente une vision tout à fait contemporaine de l’enfer.

On voudrait bien s’imaginer le diabolus in musica comme un être hideux et malfaisant contre lequel auraient lutté les compositeurs depuis le Moyen Âge. Mais n’est-il pas un simple intervalle de triton, utilisé pour suggérer le mal ou la laideur du fait de son extrême tension musicale ?

Ce monstre est-t-il de ceux transmis par les chapiteaux de l’art roman ou, plus tard, peints par Francisco de Goya ? Serpents, boucs ou dragons y forment une foule de démons associés aux sorcièreset autres succubes, d’où se distinguent Lucifer, la reine de Saba, Satan ou le Diable en personne! Avec force, ils expriment l’horreur, la tentation, la peur… et d’autres sentiments craints ou inavouables.

On retrouve dans le répertoire musical ces créatures extravagantes, pavoisant dans la Danse  macabre de Camille Saint Saëns, exultant dans la Nuit du sabbat d’Hector Berlioz ! Ils inspireront aussi à Serge Prokofiev une Suggestion diabolique, tandis qu’Igor Stravinsky met en scène le fantôme de sa marionnette assassinée Petrouchka.

Des innovations instrumentales concourent alors à ces terribles évocations : un xylophone mène la danse des squelettes, les cloches du glas funèbre font le vide autour d’elles, le tambour de basque est jeté au sol comme un crâne fracassé… En rehaussant l’orchestre de sonorités inouïes, les percussions traduisent le trouble, la puissance et la magie occultes.

Aujourd’hui, l’écriture de ces quatre compositeurs semble appeler la percussion contemporaine et ses dynamiques contrastées, ses rythmiques obsessionnelles, ses textures tranchées. Et si ces œuvres incontournables étaient jouées par un orchestre depercussions… quelles en seraient les sensations? C’est l’expérience que proposent les Percussions Claviers de Lyon avec Daïmôn.

Complice de cette aventure, le compositeur Zad Moultaka réalise l’adaptation de quatre courtes pièces de Serge Prokofiev : Réminiscence – Élan – Désespoir – Suggestion diabolique, et compose une partie du programme. Sous la forme de miniatures musicales, il écrit trois interludes agissant comme des espaces de résonance et de méditation. Une nouvelle œuvre conclut le cheminement, dans laquelle la voix des percussionnistes est appelée à  prolonger leurs instruments, comme un « geste corporel ultime ».

Gilles Dumoulin & Zad Moultaka

Création le 10 mai 2022 – Théâtre de la Renaissance – Oullins (69)- France
Hector Berlioz / Camille Saint-Saëns / Igor Stravinsky / Serge Prokofiev / Zad Moultaka
dans le cadre du Festival de la Chaise-Dieu

Programme

-Serge Prokofiev : Quatre pièces pour piano, op.4 – Réminiscence -Élan – Désespoir – Suggestion diabolique
(Transcription : Zad Moultaka)
Zad Moultaka : Miniature diabolique (1)
-Camille Saint-Saëns : Danse macabre, poème symphonique en sol mineur, op.40
(Transcription : Gilles Dumoulin)
Zad Moultaka : Miniature diabolique (2)
-Hector Berlioz : Songe d’une nuit du sabbat ;extrait de la Symphonie fantastique
(Transcription : Gilles Dumoulin)
Zad Moultaka : Miniature diabolique (3)
-Igor Stravinsky : Petrouchka,Quatrième tableau (Transcription : Gérard Lecointe)
-Zad Moultaka : Daïmôn

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