Hercule, dernier acte

Hercule, dernier acte

57’ – 2023
opéra

Hercule, dernier acte

“L’oeuvre est écrite pour six chanteurs sur scène dont le guide fait office de chef de cérémonie. Un écran devenant par moment un (faux) miroir qui reflète ce qui se passe sur scène ou un beau paysage tout en couleur dégradant imperceptiblement du début à la fin de l’opéra jusqu’au noir brulé. Le monde attend Hercule, le Sauveur, le monde le réclame, mais son apparition est le début d’un terrible ahurissement puisque sa voix, longtemps muette ne s’exprime qu’à travers un sous-titrage silencieux et pesant, et se révélera enfin, incarnée par un effrayant son de synthèse. Cette voix glaciale et inhumaine « dieu machine » luttera contre sa propre condition, tentant de nous émouvoir avec son chant profondément désespéré. C’est par ce biais que nos six protagonistes comprendront que le salut et la quête d’un héros sauveur réside à l’intérieur de chacun, dans les profondeurs de l’humain.” Zad Moultaka

« … On croit connaitre Hercule et l’on pense immédiatement à ses douze travaux. En y revenant aujourd’hui, la tentation serait alors de transposer les exploits qu’il a fait à ceux qu’il faudrait faire, urgemment, notamment pour sauver la terre : Hercule héros écologiste, héros des temps nouveaux.

Mais ce qui semble simple, défini, dessiné comme la statue d’Hercule à l’entrée des palais, l’est beaucoup moins à mesure que l’on s’intéresse au sujet. L’image se transforme, se modifie, et nous nous perdons à le suivre. A quels travaux s’arrêter ? Les douze connus ou tous les autres, ceux qui s’ajoutent et qu’on découvre dès lors qu’on avance dans les textes, les arts, les traditions, les références, les traductions et les transpositions… Quel exploit retenir et à quoi bon en ajouter ? Il y a tant d’autres exploits, tant d’autres batailles que celles qu’on raconte aux enfants…

A quel Hercule faut-il se référer ? Le fort, l’esclave, le bon, le sanguinaire, le doux au pied d’Omphale, le violeur de Pyrénées, le puissant, le brutal, l’amoureux des hommes ou l’amoureux des femmes ou les deux, mais aussi l’humain ou le divin, le Grec ou le Romain, etc. Hercule se compose d’une quantité d’images que chacun pourrait décider de choisir selon ce qui lui plait, ce qu’il entend.

Il est étrange de découvrir Hercule comme une coquille vide. Il subit, il se laisse guider, ses initiatives sont rares, sa force n’y peut rien. Au contraire d’Ulysse, maître de son destin malgré les péripéties en chemin. A-t-on jamais vu un personnage aussi célèbre et documenté incapable d’être associé à un choix ou une idée ? Hercule est un jouet, un doudou dirait un enfant, une image dont la force rassure, une icône à laquelle on fait semblant de croire, un être qui réveillé se demanderait ce qu’il a fait et pourquoi il l’a fait.  Et si, finalement, la seule chose importante pour lui – pour nous – la seule chose qui ne lui fut pas imposée avait été sa quête de l’amour… Le dernier acte du titre – Hercule, dernier acte – serait alors un acte d’amour… » Bruno Messina

chapelle Corneille, Rouen – France
november 14, 2023

musique, scénographie, vidéo Zad Moultaka
livret Bruno Messina, direction Roland Hayrabedian, ensemble Musicatreize
son Christophe Hauser
réalisation video Renaud Rubiano
chapelle de la fondation des Apprentis d’Auteuil, La Côte-Saint-André
28 Août 2023

Photo credit : Bruno Moussier

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