Ikhtifa

IKHTIFA

8′ – 2008
pour chœur 

Ikhtifa est un mot arabe qui signifie l’effacement, la disparition.

Terre Brûlée II (1970) de Raoul Ubac (1910-1985) et Voiliers à Cannes (vers 1951-1957) de Nicolas de Staël (1913-1955).

Deux tableaux. Deux mouvements. L’un dense. L’autre clairsemé à l’extrême.

Le compositeur s’est laissé guider par ces œuvres pour les faire ricocher sur ses propres obsessions : densité, fragmentation, travail sur la langue arabe… Une fois encore on retrouve un de ses thèmes de prédilection comme le passage du collectif à l’individuel, la désintégration du groupe…

Conçue comme un diptyque, Ikhtifa part de la texture épaisse, plutôt sombre et dense du tableau d’Ubac. Deux forces qui s’attirent, se retrouvent dans une ligne étendue au milieu du tableau. Stries sur la toile qui s’intensifient. Le texte du poète et philosophe al-Maari est chanté en arabe. Le compositeur, à la recherche d’une forme d’énergie proche de la matière du tableau, suit les inflexions, les accents, la rythmique des vers, jusqu’à ce que les mots se mettent à danser. Le premier mouvement est très linéaire, plutôt monodique, hétérophonique et donne cette sensation de profondeur et de vibration horizontale. Le second mouvement assiste à la disparition progressive de la matière sonore. Les mots sont fractionnés, réduits à l’état de phonèmes, éparpillés. Des sons subsistent comme des points ou des traits, envahis de silence.

Texte du poète et philosophe arabe Abul-ala al-Maari (973-1057)
extrait de son recueil , Luzum ma lam yalzam (« la nécessité inutile »)
(traduction)

I.
Les gens s’en vont en vagues et nous derrière eux
Et ils étaient, et nous étions heureux dans l’erreur
Ô toi mon oreille, n’y a t-il dans ce que tu entends que mensonges et allégations ?

Laisse le temps et les siens, laisse-les à leurs affaires
Vis ton propre temps et tes jours, pleins de doutes et de peurs
La jeunesse a passé, nous n’en avons eu vent,
Ni même aperçu son ombre incertaine
Ligne d’équilibre qui apparaît comme un point mystérieux
Et anéantit toutes les autres lignes, toutes les lettres et tous les écrivains

II. (phonems)
Si la mort s’approche de moi, je ne hais pas sa proximité
Chacun a peur de sa mort et aucun n’évite de la boire.

 

Texte : Abul-ala al-Maari (973-1057)
extrait de son recueil , Luzum ma lam yalzam (« la nécessité inutile »)
Langue chantée : arabe

Création : 13 juin 2008
Lieu : Marseille, France
par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

5 mars 2009 Musée Cantini, Marseille par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

20 mai 2009 Avignon par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

10 mars 2013 Les Matins sonnants, Opéra de Marseille & GMEM par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

15 septembre 2013  salle Musicatreize, Marseille par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

17 avril 2014 Auditorium John Cage CRR, Perpignan par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

31 mai 2014 Tuscany Festival, Lucca, Italie par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

3 juin 2014  salle Musicatreize, Marseille, par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

4 juin 2014 Festival Les voix du Prieuré, Le Bourget du lac par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

23 octobre 2014 Riga par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

5 février 2016 Temple de la rue Grignan, Marseille par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

11 décembre 2016 salle Colonne, Paris par l’ensemble Musicatreize, direction Roland Hayrabedian

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