La passion d’Enkidu (Gilgamesh Epic)

LA PASSION D’ENKIDU (Gilgamesh épopée)

70 minutes – 2018
musicales et théâtrales

LA PASSION D’ENKIDU (Gilgamesh épopée)
opéra pour 8 instruments et trois écrans

par Zad Moultaka

Que ce soit dans l’épopée de Gilgamesh ou un peu plus tardivement dans les tablettes d’Hammourabi, ou encore dans le théâtre grec antique, plus particulièrement celui d’Eschyle, on peut être frappé par l’économie et l’efficacité qui sous-tendent le déploiement de ces écrits anciens, ainsi que cette énergie capable de nous plonger d’une manière directe et sans ornements dans les profondeurs abyssales de nos consciences. Une forme d’austérité pourrait se dégager de ces textes primordiaux, j’y vois plutôt une grande urgence existentielle, un «aller au but» sans détours, vers la question de la vie et de la mort.

D’autres résonances, d’autres inspirations, comme les figures de Giotto, si empreintes de simplicité, d’humanité, loin des fioritures et de la séduction dans lesquelles trébuchera par moments l’art occidental. Des êtres debout, qui nous parlent avec cette force que revêt le silence.

Ici, la parole et le chant ne sont pas véhiculés par la voix humaine ; les personnages SONT la parole- et vice versa.  En lisant la parole de Gilgamesh ou celle de Enkidu, leurs mots résonnent en nous et deviennent les mots de nos héros intérieurs. Leurs questionnements, leur arrogance, leurs peurs, trouvent ainsi des échos au fond de nous-mêmes… en silence.

Les musiciens, autour du dispositif, sont notre miroir, le prolongement de notre corps, une matière sonore ancienne, archaïque, avec des instruments modernes et d’autres rescapés de la nuit des temps, accompagnant et enveloppant le silence de cette parole, devenant sa propre chair. Leurs silhouettes sont prolongées par un dispositif vidéo sur une paroi invisible pour eux, transformant leur ombre en présences étranges et autonomes, des ombres qui, vouées à envahir l’espace théâtral, révélant des objets sculpturaux éparpillés dans l’espace scénique, sont les reflets d’une mémoire fragmentée. 

Tel était Gilgamesh 
Parfait, éblouissant !
Lui qui ouvrit 
Les passes des montagnes
Creusa des puits
Sur la nuque des monts 
Passa le Mer immense
Jusque là où dort le Soleil 
Et explora l’univers entier 
En quête de la vue (-sans fin)

L’épopée de Gilgamesh, récit composé de douze tablettes rédigées en akkadien, est l’un des textes les plus anciens de l’humanité. Le héros, roi de la ville d’Uruk, guidé par sa seule démesure, attire le courroux de la déesse Aruru qui modèle dans l’argile son double antagonique, Enkidu, envoyé pour modérer ses excès. Destinés à être rivaux, Gilgamesh et Enkidu se lient d’une amitié indéfectible. Gilgamesh, animé par un vibrant désir de gloire et d’immortalité, entraine Enkidu dans un d’audacieuses aventures, périlleux périple à l’issue duquel Enkidu trouvera la mort.

Plongé dans le désespoir le plus aigu, Gilgamesh invente le rituel des funérailles avant de repartir part à la recherche de la fleur de l’immortalité aux confins du monde et de l’enfer – quête à l’issue de laquelle il sera contraint d’accepter sa nature perfectible et sa finitude.

L’épopée de Gilgamesh a été patinée par les siècles. Nul n’en connaît la véritable origine, les hypothèses et les rêves sont nombreux. De copies, en traductions, en réécritures, la répétition, les erreurs, les accidents et le temps ont fait œuvre.

Violes de gambe, lyra, ney, kanun, santur… les instruments méditerranéens se mêlent aux sonorités des instruments baroques. L’alchimie s’est travaillée en Grèce et en France au cours de trois résidences expérimentales pour une recherche dans les profondeurs de la tradition et de la création vivantes.

direction Zad Moultaka

Sokratis Sinopoulos, lyra
Evgenios Voulgaris, yali tanbur
Harris Lambrakis, ney
Stefanos Dorbarakis, kanun, Vangelis Pashalidis santuri
Claudio Bettinelli, percussions
Andreas Linos & Christine Plubeau violes de gambe

Ensemble Mezwej

coproduction Mezwej • Onassis Cultural Center • Arsenal de Metz • de la DRAC Provence-Alpes Côte d’Azur

opéra pour 8 instrumentistes, électronique et vidéo

Création à L’Arsenal de Metz 30 novembre 2018
6 avril 2019 Le Lieu unique, Nantes
8 avril 2019 Théâtre Jean Vilar, Vitry
19 et 20 avril 2019 Centre Culturel Onassis, Athènes

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