Montée des ombres

MONTÉE DES OMBRES

60′ – 2016
pour voix à cappella

A l’occasion de Nuit Blanche 2016, Zad Moultaka nous entraîne au fond du tunnel des Tuileries pour une procession pré ou post historique continue de dizaine de chanteurs…  Un peuple d’ombres en marche.
Invitation à une descente vers nos origines : caverne allégorique, catabase, viste aux Enfers : une traversée cathartique. Avec les chanteurs de Musicatreize et des chanteurs d’ile de France conduits par Roland Hayrabedian et Cécil Gallois.

Le tunnel des Tuileries

Ouvert sur la rive droite de la Seine en 1967, d’une longueur de 831 mètres, le tunnel des Tuileries devrait être rendu au silence et à la circulation des piétons d’ici 2017. Afin de célébrer ce passage du temps et cette transformation d’un boyau routier en caverne contemporaine, Zad Moultaka est descendu, accompagné des chercheurs de l’Ircam, dans la Grotte Chauvet, la plus ancienne grotte ornée réalisée à ce jour par Homo Sapiens, pour observer ses immémoriales peintures de chevaux et de lions, écouter son silence et ramener quelques empreintes sonores de deux ou trois abris sous roche. Tout comme les esprits de l’eau et des grottes révèlent à Poliphile de profonds mystères, le rituel initiatique souterrain rêvé par l’artiste franco-libanais entremêle un chœur post-historique de près de 100 chanteurs, professionnels et amateurs confondus, avec des haut-parleurs, qui diffusent des sons de terre et d’eau : égouttements, ruissellements et craquements. Créant ainsi la sensation d’une matière tellurique en mouvement, la musique aspire le visiteur vers l’intérieur du ventre de Paris.

Un rituel processionnel

Au milieu du tunnel, sur les trottoirs longeant les murs de part et d’autre, une centaine de chanteurs prêts à embarquer les visiteurs se trouvent dans l’allée centrale, dans une marche ou procession rituelle conduite par les douze chanteurs de Musicatreize, emmenant chacun dans son sillage un chœur. Le chef, en tête du cortège, dirige l’ensemble en scandant une rythmique « archaïque » sur une percussion, sorte de tambour au son profond et puissant accroché au cou. Les chanteurs sont également munis de petits objets percussifs : morceaux de bois ou claves, galets, claquement de mains et toute sorte d’ustensiles évoquant des sons aux énergies primordiales. Chants primordiaux Un chant basé sur des intervalles très réduits et une matière vocale « brute », (sons chantés, sprechgesang, murmures, scansions dans le registre grave de la voix,) surgit pendant la procession, évoquant la volonté des premiers hommes d’imiter – entre autres – les sons provenant de la nature, comme pour s’approprier ses « âmes » et ses « présences » magiques qui les entourent et suscitent l’effroi. C’est aussi une invitation pour nous, hommes d’aujourd’hui, à renouer avec ce que nous perdons jour après jour. Des ombres vocales Ce chant, cette procession, sont ponctués de moment d’arrêt où tout se fige pendant une dizaine de secondes, dans un silence profond comme une prière intérieure, une résonance au centre de soi. Ce moment de silence est pour moi précieux. D’’un point de vue symbolique, ces « ombres vocales » sont comme la résonance et la projection de nos voix aujourd’hui se projetant vers le début de notre histoire.

lumières

Une trentaine de chanteurs munis de torches électriques avec lesquelles ils éclairent leurs compagnons marchant devant eux, créent des ombres oscillantes sur les parois du tunnel. Ces lueurs évoquent l’atmosphère poétique des grottes, mais aussi l’incendie qui a provoqué la destruction des Tuileries en 1871. Des écoulements d’eau apparaissent de temps à autre sur les murs du tunnel faisant surgir des personnages étranges et fantomatiques. J

 effectif
 chœurs mixtes et douze chanteurs 3S/3A/3T/3B

Écoulement d’eau sur les murs du tunnel

Création : 1er octobre 2016
Tunnel des Tuileries, Paris sur le parcours de Nuit Blanche 2016
par l’ensemble Musicatreize et chœurs franciliens
direction Roland Hayrabedian et Cécil Gallois.
Kaoli Isshiki, Élise Deuve, Claire Gouton sopranos Estelle Corre, Sarah Breton, Laure Ilef mezzos & alto Xavier de Lignerolles, Jérôme Cottenceau, Gilles Schneider ténors Patrice Balter, Grégoire Fohet-Duminil, Philippe Bergère barytons, basses.

Partie électronique de l’œuvre réalisée dans les studios de l’Ircam
Jérémie Henrot, Sylvain Cadars ingénieurs du son Ircam

en partenariat avec l’Ircam

© ŠamaŠ éditions musicales 2016

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