Visions

PRÉSENTATION

Dans ce disque monographique consacré au compositeur Zad Moultaka, Joël Suhubiette et les éléments, (l’un des chœurs les plus en vue actuellement Victoire de la Musique 2006, Prix Liliane Bettencourt – Académie des Beaux-Arts de l’Institut de France -…), présentent une collection de pièces vocales récentes, « formant un univers sonore cohérent, (…) caractérisé par une subtilité de l’écriture (…) et qui s’accompagne d’une intense poésie sonore »( Makis Solomos)

1. Khat- (2007) 9’35 – Trois calligraphies pour dix-huit chanteurs pour chœur mixte a cappella
2. La Scala del cielo (2006) 8’02 – pour chœur mixte, piano et percussions
3. Zikr (2003) 9’57 – pour contralto, chœur mixte et ensemble
4. Neb Ankh (2007) 9’58 – pour voix et sons fixés
5-13. Enluminures (2004) 10’37 – pour neuf voix de femmes
14. Vision (2007) 10’54 – pour chœur mixte et voix enregistrées

1. Khat (2007) 9’35Trois calligraphies pour dix-huit chanteurs – pour chœur mixte a cappella
Phonèmes arabes

Zad Moultaka expérimente ici un principe d’écriture nouveau. Ne travaillant ni sur le signifié, ni sur le signifiant, ni sur le sens des mots, ni sur leur sonorité, ce sont les lettres qui composent le texte qui servent de canevas à l’écriture musicale. Le compositeur suit chaque trait, plein, délié, chaque accentuation des mots qui composent le poème arabe. En orient la calligraphie est reliée à la pensée. Elle est dépositaire d’un savoir “occulte”, indépendant. Cette dimension s’est absentée peu à peu en occident, au seul profit de l’entendement. Rejoignant ici la force du neume, notant le chant grégorien du VIIIe siècle (du grec pneuma, souffle), l’œuvre musicale puise dans cette abstraction une réalité sonore inédite.

2. La Scala del cielo (2006) 8’02pour chœur mixte, piano et percussions
D’après Le Livre des Morts des Anciens Egyptiens – Chanté en italien Commande du chœur de chambre les éléments

Cette pièce plonge le chœur dans un monde sonore souterrain, traversé de courants telluriques, plongé dans la pénombre, la poussière, où naissent des reflets intimes et étranges. Le travail sur les timbres et les harmoniques opère une transformation du chant et de la parole. Le texte, extrait du Livre des Morts de l’Egypte ancienne (la Terre Noire), est ornementé par des sons anciens tirés du piano. L’Ici et l’Ailleurs.

3. Zikr (2003) 9’57pour contralto, chœur mixte et ensemble
Hommage à Gérard Velay
Sur Audi Coelum, texte anonyme du XVIes., Salve Regina et psaumes
Chanté en latin
Commande de l’ensemble vocal Ex Tempore (Belgique)
Commandé et créé en mai 2003 à Gand puis à Amsterdam par l’ensemble flamand Ex Tempore et Fadia Tomb el Hage, Zikr, inspiré de Selva Morale de Monteverdi, croise plusieurs traditions vocales : de la naissance de l’art lyrique, des polyphonies sensuelles de cette période, au chant byzantin. Les voix de femmes se font plainte gémissante, écho des pleureuses méditerranéennes. Ces « lamentations » se transforment lentement, s’élargissent jusqu’à aboutir à une rupture, une révolte empruntant la forme d’une danse et remuant le fond païen qui survit en nous. Une grosse caisse, élément récurrent dans les œuvres de Zad Moultaka, scande le pas de cette montée en puissance entre rébellion et prière.

4. Neb Ankh (2007) 9’58pour voix et sons fixés
Texte inspiré du Livre de Shou, le livre de la lumière, extrait des Textes des Sarcophages des
Anciens Egyptiens.
Chanté en langue imaginaire
Cette pièce en trois mouvements, est un travail sur les mélismes, les lignes orientales et toutes les possibilités et les ressources de la voix, de la parole, de l’énergie. Telle une Nefertiti moderne, lors de son dernier voyage dans un sarcophage égyptien, la chanteuse, emporte avec elle les objets qu’elle a aimés dans sa vie, et leur environnement sonore : ustensiles de cuisine, cosmétiques, sons d’aujourd’hui, musiques, un parfum de variété arabe…

5-13. Enluminures (2004) 10’37pour neuf voix de femmes
Poèmes de Georges Shehadé – Extraits de Poésies I (1938), Poésies II (1948) et Poésies III
(1949) © Gallimard
Chanté en français
Commande de Monique Velay
Sur un poème de Georges Schehadé, en langue française. Commande de Monique Velay. Il s’agit ici de neuf miniatures vocales. Neuf images sonores, fugitives, presque en écho, d’un temps lointain et idyllique. Elles puisent leur poésie et leur inspiration dans les techniques vocales traditionnelles du monde rural et des villages. Neuf illustrations, ornementations, empreintes de tendresse qui auraient pu être naïves si elles n’étaient incisées par d’anciennes blessures et une réflexion sur la nature profonde de « l’exil ».

14. Vision (2007) 10’54pour chœur mixte et voix enregistrées
Texte de Catherine Peillon – extrait d’Hélène et les nuées (théâtre) © ŠamaŠ
Chanté en français
Cette pièce naît dans le sillage d’une autre (non présente dans cet enregistrement). Il s’agit de « Cadavre exquis » où est utilisé en direct un processus d’enregistrement et de diffusion de chacune des parties qui la composent, créant un effet de superpositions vocales interrogeant la mémoire immédiate et réveillant la mémoire profonde, celle que l’oubli généralement protège. Ici le travail s’effectue sur les cinq pièces du disque – Zikr, La Scala del Cielo, Enluminures, Neb Ankh , Khat – dont le compositeur extrait des vagues, des énergies sonores, des lignes de fuite étranges qu’il écrit dans une bande son. Un chœur a cappella chante un nouveau texte comme un fil d’or nué, le long d’une ligne où le vertical et l’horizontal se croisent, se déploient, vaporeusement. Comme on nue un ouvrage de broderie aux motifs de soie, de figures en relief, de teintes assorties, couleurs diaprées, jouant avec les harmonies.

Ils sont liés au point de ne plus faire qu’un : le compositeur libanais Zad Moultaka (né en 1967) et le chœur Les Eléments, fondé et dirigé par Joël Suhubiette, ensemble vocal français (Toulouse), d’une virtuosité et d’un engagement exceptionnels. Sous le titre de l’ultime pièce du CD (poème de Catherine Peillon), les « Visions » de Moultaka explorent cet espace frémissant entre le son et le sens, appelé « poésie » (Valéry), s’appuyant sur des textes immémoriaux – en latin, en français, en italien, en phonèmes arabes, en langue imaginaire – pour développer un monde en soi. Le pur sonore y opère au moins autant que le linguistique, grâce aux raffinements de l’écriture et à la qualité des interprètes, rejoints parfois par l’alto magique de Fadia Tom El-Hage ou par l’ensemble instrumental Ars Nova. Livret superbe signé Makis Solomos et Renaud Ego (français, anglais et arabe).
La Libre Belgique, Martine DUMONT MERGEAY, 11 février 2009


Visions 5 diapason
Janvier 2009

Compositeur d’origine libanaise, Zad Moultaka réinvestit son héritage culturel avec les armes solidement maîtrisées de la musique savante.

Compositeur d’origine libanaise, Zad Moultaka réinvestit son héritage culturel avec les armes solidement maîtrisées de la musique savante. Un chef de chœur de tradition occidentale, curieux comme l’est Joël Suhubiette, s’épanouit dans cet univers aussi subtile qu’exigent et ne rencontre apparemment pas de difficultés à convaincre vingt deux de ces éléments de tenter l’aventure avec une ardeur et une précision remarquable. Six pièces récentes (2003-2007) forment une proposition monographique cohérente, qui emporte l’adhésion dès les premiers phonèmes arabes de Khat, où l’art de la calligraphie induit une autre écriture, musicale cette fois. La Scala del cielo, écho en italien du Livre des Morts des Anciens Egyptiens, rappelle par ses lâchers de bombes et ses lignes plaintives que Moultaka est un enfant de la guerre du Liban. Dans Zikr, un choeur de lamentations, parfois à la façon des pleureuses méditerranéennes répond à la prière portée par la voix simplement captivante de Fadia Tomb el-Hage, qui se laisse ensuite divaguer sans s’égarer au milieu des sons « concrets » de Neb Ankh. Enluminures regroupe des miniatures composées sur des vers du poète libanais francophones, Georges Schehadé : neuf images que neuf éléments féminins a cappella font apparaître de manière immédiate et saisissante. L’album se clôt sur une vision où le chœur mixte dialogue avec ses propres voix enregistrées sur les pièces précédentes, un procédé qui pourrait tourner au gadget si les éléments n’exposaient une telle continuité dans le son.
Benoît Fauchet, Diapason, Janvier 2009


Visions 4 étoiles Le Monde de la Musique
Le Monde le musique, décembre 2008 4 étoiles

De son Liban natal, Zad Moultaka a gardé l’esprit qui se manifeste dans un questionnement constant des frontières culturelles et le choix d’un langage tendant vers la conciliation, tout en ignorant l’universalisme douteux de certains courants esthétiques. Sa position d’autodidacte ne se laisse deviner que dans le naturel du débit vocal et des variations de couleur. Il y a ici, comme l’observe Makis Solomos dans le texte de présentation, une analogie avec le parcours musical d’un Xenakis. Très naturellement, chez Zad Moultaka, des éléments rappelant la musique arabe coexistent avec des souvenirs du grégorien (comme dans la Scala del cielo ou dans Zikr) se fondant dans une sonorité et une conduite totalement originales. La continuité des échelles, leur caractère lié à l’expression s’étendent, à la manière « occidentale » au domaine du timbre, parfaitement mis en valeur par le chœur de chambre Les Eléments dirigés par Joël Suhubiette, ainsi que par la contralto Fadia Tomb el-Hage (dont le latin devient, dans le contexte, un véritable argument artistique). Costin Cazaban, Le Monde de la Musique, décembre 2008


Zad Moultaka, médium au service de la musique, Now Lebanon, Hiam Yared


Zad Moultaka, Voyage réussi sur une autre planète vocale, ResMusica, septembre 2008, Hubert Stoecklin

Direction artistique / artistic supervisor : Zad Moultaka & Joël Suhubiette

Enregistrement / recording : Christophe Hauser, La Muse en circuit centre national de création musicale. 

Assisté de / assisted by Hélène Martin

Eglise de Bonsecours, Paris XIe entre le 4 et le 14 juin 2007 / June 4 to 14, 2007
Montage & mixage / Editing & mix : Christophe Hauser & Zad Moultaka

Mastering Yves Delaunay, studio Dyam

Photographies, design : Catherine Peillon

Notes / liner notes : Makis Solomos, Renaud Ego


Traduction anglaise / English translation by John Tyler Tuttle

Traduction arabe : May Menassa, Amer Didi, Antoine Khater 

Production : nsn pour l’empreinte digitale

Direction de production : Catherine Peillon

Avec le soutien de l’Adami, de MFA, de la SCPP, de La Muse en circuit, centre national de création musicale, d’Odyssud- Blagnac et des éditions musicales Onoma.
Proferro, Atelier de conception métal, pour la réalisation des percussions de Khat (1) www.proferro.fr, Ennium System que
Christophe Hauser utilise pour la captation.

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