Nenni nenni

NENNI NENNI

50′ – 2008

pour chœur d’enfants et percussions

24 enfants sur la route et 4 percussionnistes qui déplient leur imposant instrumentarium pour installer une scène magique. Les comptines arabes sont une invitation à entrer et partager un univers poétique dont la mémoire se perd dans la nuit des temps et celle de notre petite enfance.

Nenni Nenni est un recueil de comptines arabes réécrites pour le chœur d’enfants de la Maîtrise des Bouches du Rhône (direction Samuel Coquard) et l’ensemble Symblêma Percussions.
Zad Moultaka retourne aux mélodies qui ont bercé son enfance. Il les laisse s’exprimer, transformées par sa mémoire, et les environne de sons que son imagination fait naître dans les déformations du souvenir. Il puise ici dans l’énergie millénaire de la tradition et se ressource à l’expérience de l’enfance pour rejoindre le principe d’un renouvellement constant de la création.

Depuis de nombreuses années, chaque été, le compositeur Zad Moultaka arpente les montagnes libanaises à la recherche de fragments de mémoire sonore. Le matériau : des berceuses, des comptines, formes brèves, rythmées, thèmes souvent reliés à des fêtes sociales ou religieuses, qui en représentent le versant naïf et populaire. Cet espace intime s’enracine dans un vaste réceptacle, celui de la mémoire collective. Zad Moultaka a composé à partir de ce matériau une série de « comptines », intitulée “Nenni Nenni”, d’une extrême énergie poétique. jardins peuplés de sorcières, d’êtres étonnants, d’animaux parlants, de peurs et d’éclats de rire… Les mélodies créent une tension que les percussionnistes, devenus quasiment danseurs ou chanteurs, sertissent d’étrangeté.
Le projet “Nenni Nenni” est l’aboutissement d’un travail de recherche et de réflexion de longue haleine. Il met en jeu des notions très importantes liées au patrimoine, à la littérature orale, au monde onirique et archaïque de l’enfance, à la vivification de ces répertoires et à la création contemporaine.
Depuis de nombreuses années, chaque été, le compositeur libanais Zad Moultaka a arpenté les routes des montagnes, a visité les villages à la recherche de fragments de mémoire sonore. Parmi le matériau patiemment recueilli, on trouve entre autres des berceuses, des comptines, formes brèves, rythmées ou “mélodisées”, thèmes souvent reliés à des fêtes sociales ou religieuses, qui en représentent le versant naïf et populaire. Cet espace intime s’enracine dans un vaste réceptacle, celui de la mémoire collective. C’est chez les personnes âgées surtout que se conserve intact cet imaginaire fantastique, jardins peuplés de sorcières, d’êtres étonnants, d’animaux parlants, de peurs et d’éclats de rire… Ces comptines et ces formulettes que les enfants récitent et chantent en chahutant, représentent une sorte de sacralisation dans le rituel du jeu. La plupart sont anonymes, et presque toujours très anciennes.
Zad Moultaka a en projet de composer à partir de ce matériau populaire une série intitulée “Nenni Nenni”, d’une extrême énergie poétique.
Le concert est conçu comme un spectacle et une incursion dans ce monde imaginaire. Deux chœurs se font face, ils représentent les deux voix intérieures qui jouent, rivalisent ou se chamaillent. Au centre de la scène un ensemble de percussions, dont bien sûr tabl (tambour) et grosse caisse, outils indispensables à la dramatisation et au passage dans le monde des rêves. Les comptines sont chantées en arabe. Ce choix est d’abord artistique mais il promet aussi de fait un échange symbolique fécond. La rencontre entre enfants facilite les échanges culturels et sociaux. Elle valorise les enfants arabophones, en mettant en valeur l’ancienneté de leur patrimoine et sa proximité avec le nôtre.
Zad Moultaka, qui avait entrepris en 2002 une revisitation de la tradition du mouwashas (projet repris de maintes fois après sa création sous l’intitulé “Zàrani”), a eu envie d’aborder ce domaine magique et sérieux du non-sens enfantin, d’orchestrer les images de sa propre enfance. C’est comme s’il revenait dans cet univers foisonnant, ranimant ces jeux et ces rimes absurdes, ces émotions, entre crainte et émerveillement, avec ses propres instruments, pour remettre en scène ces personnages, conscient que cet espace intime s’enracine dans un vaste réceptacle, celui de la mémoire collective.

Constantes et variantes

Le collectage s’est étendu au Machrek et au Maghreb (Tunisie, Maroc, Jordanie, Syrie…) et sur la rive nord de la Méditerranée. L’imaginaire a toujours été un lieu de rencontres entre voisins, entre différentes communautés, différentes cultures, et il est caractéristique de trouver, une très grande et profonde unité de style, un terreau commun où s’enracinent les mots, les figures, les échelles et les rythmes. “Nenni Nenni” est d’ailleurs une locution que l’on retrouve quasiment identique en Turquie, en Italie, en Tunisie… Les textes changent en fonction des régions, des villages, réappropriés par chacun, induisant diversité et sauvegarde. En Algérie : Nenni, nenni/Que vienne le sommeil ! /Ta mère de lune/Et ton père des étoiles/Nenni, nenni/Que vienne le sommeil ! Ta mère d’argent/Et ton père de cuivre/Nenni, nenni/Que vienne le sommeil ! Ta mère une aveugle/Ton père ton meurtrier ; en Tunisie : Nènni Nènni le sommeil est arrivé/ Ta mère est d’argent, ton père de cuivre/Nènni Nènni le sommeil est arrivé/Toi aux deux joues rouges de coquelicot ; Ninna nanna, utilisé à la place de notre « dodo dodo », désigne en italien la forme « berceuse ». Claude François, qui avait grandi en Egypte et dont la mère était italienne, en avait fait une chanson nostalgique : Ninna nanna ninna nanna/C’est ma mère qui chantait ça/ Ninna nanna ninna nanna/ Quand elle nous tenait dans ses bras/ Ninna nanna revient toujours/C’était ma première chanson d’amour…
Pourtant cette réserve d’avenir est en train de se tarir sous les effets conjugués de l’industrialisation, la disparition des formes de vie sociale traditionnelles, les transformations profondes de la société et surtout la “mondialisation” et l’uniformisation culturelle. Il semble urgent de revitaliser par la création cette mémoire en perte de substance et de requalifier ces “arts du peu”.

1. Alla y mèssikom
2. Dèndoushi « Mèche de cheveux »
3. Hèyyè « Allons jouer dans le champ »
4. Yè hèdi « Salue pour moi les enfants »
5. Nèmèt ‘énè « Son œil s’est endormi »
6. Nenni Nenni
7. Yalla tnèm « Allez, dors »
8. El Fèllèh « Le paysan »
9. Ziro ziro ziro
10. Béh yè béh « Feuilles de pommes »
11. Dour ya sahn « Tourne assiette »
12. Yè shèms « Toi soleil »

Comptines arabes
Texte : comptines traditionnelles
Langue chantée : arabe

Création : 1 & 2 août 2008
Lieu : Festival de Conques
par la Maîtrise des Bouches du Rhône pôle d’art vocal
Ensemble Symblema percussions
Frédéric Daumas, Patrick Flosse, Damien Louis, Alexandre Régis
Samuel Coquard direction musicale

Production : Maîtrise des Bouches du Rhône/ Symblêma percussions/art moderne/Onoma éditions musicales.
Projet soutenu par CMA CGM fondation d’entreprise, la Fondation Orange, la Spedidam, La Muse en circuit,
Région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Conseil Général des Bouches-du-Rhône, Ville de Marseille (Mairie XIII-XIV)

Commande Mezwej
© ŠamaŠ éditions musicales 2008

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