Sur la montagne sans nom

SUR LA MONTAGNE SANS NOM

11′ – 2009
pour chœur 

Les fleurs de quel arbre

impossible de savoir

mais un tel parfum !
(BASHO)

Le rêve de Roland Barthes : connaître une langue étrangère (étrange) et cependant ne pas la comprendre : percevoir en elle la différence, sans que cette différence soit jamais récupérée par la socialité superficielle du langage, (…) en un mot, descendre dans l’intraduisible, en éprouver la secousse sans jamais l’amortir… (L’empire des signes)
Le rêve du penseur résonne étrangement avec l’écriture de « Sur la montagne sans nom ». Pourtant l’oeuvre est née de façon inattendue, surgie d’une lecture, des images poétiques et de la force des haïkus japonais de Basho ou d’Issa. Ces formes brèves et puissantes de sont imposées au compositeur qui en a fait un lieu d’exploration intérieure, de jeu sonore et d’expérimentation.
Chacun des poèmes se déploie, ouvre un espace d’énergie et de sons : une couleur, une grappe de notes, un parfum dans un jardin, un éventail…
L’image poétique devient son, plonge le compositeur dans un nouvel état de perception des vibrations, des oscillations, des ondulations… Un univers en suspension. De petits bruits qui disent l’intime ou le lointain, des ombres telles une trainnée, l’écho, le souffle, le scintillement…

Tout à coup un espace lent envahit le choeur comme un parfum qui se répand. « Quelque chose de très très ancien surgit, sans que je sache de quoi il s’agit. »

MOUVEMENTS

Les traductions qui figurent ici servent de titre à chaque mouvement. Elles sont de Joan Titus-Carmel (éditions Verdier)

I.
Mon ombre elle aussi est au meilleur de sa forme
matin de printemps
(ISSA)

II.
Une grande paix
son regard perce la haie
moine de montagne
(ISSA)

III.
Le printemps est là !
sur la montagne sans nom
brume matinale
(BASHO)

IV.
Les fleurs de quel arbre
Impossible de savoir
mais un tel parfum !
(BASHO)

V.
Mon père ma mère
sans cesse je pense à eux
le cri du faisan
(BASHO)

VI.
Ah ! le vieil étang
une grenouillele
bruit de l’eau
(BASHO)

VII.
Au milieu du champ
et libre de toute chos
(BASHO)

VIII.
Réveille-toi, réveille-toi !
et deviens mon compagnon
papillon qui dors
(BASHO)

IX.
Avec chaque souffle
le papillon se déplace
sur le saule !
(BASHO)

X.
Le saule s’effeuille
et le maître et moi-même
entendons la cloche
(BASHO)

XI.
Le printemps est proche
tout annonce sa venue –
lune et fleurs de prunier
(BASHO)

d’après des haïkus de Basho et d’issu
Langue chantée : japonais

Création : 16 juillet 2009
au Festival d’Avignon
par le chœur Temps relatif
direction Luc Denoux

18 juillet 2009 par l’ensemble Mikrocosmos, direction Loïc Pierre, Abbaye de Noirlac

24 mars 2010  par Temps relatif, dir. Luc Denoux. Espace Paul Jargot Crolles

Commande Mezwej
© ŠamaŠ éditions musicales 2009

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